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"Un visage jovial empreint d’une bonhomie évidente.
Un sourire charmeur et des yeux qui pétillent de malice.
Une chevelure que Casque d’Or n’aurait pas reniée.
Un corps généreux, voluptueux qui appelle la Maternité.
Voilà Frankie Pain.
Rien à voir avec la détestable matrone castratrice de « Carne » et « Seul contre tous », dont le personnage est à sa façon tout aussi odieux  que celui du boucher.
Qui se ressemble s’assemble.
Et ces deux-là étaient faits pour se rencontrer !
Il fallait un sacré talent pour donner vie à une telle mégère, sans sombrer dans la caricature.
C’est l’apanage des Grands que de parfaitement maîtriser les excès d’un rôle sans pour autant les gommer, et en conserver ainsi l’essentiel.
Frankie Pain est de cette trempe !

Samedi 29 août 19h00.
Mon téléphone sonne, c’est Frankie Pain.
La surprise est totale, car ma demande d’entretien est très récente.
Je suis ravi.
La voix est chaleureuse, le ton très enjoué voire passionné.
Le verbe est précis.
Chaque mot est ciselé comme  une gemme, la diction est parfaite… à cela rien d’étonnant
Frankie Pain est Conteuse.


L'interview par Philippe Lowinski


Vous êtes comédienne depuis 1972, et votre parcours artistique semble complet, puisque vous avez touché à tout : théâtre, télévision et cinéma. Comment tout cela a-t-il commencé ?


Effectivement, je suis comédienne depuis 1972… vous êtes bien renseigné Philippe ! En 1971, major de ma promotion en radiologie médicale, j’ai obtenu un poste au CHR de Bordeaux.
Libre de ces études, je pouvais me livrer à l’art dont j’avais toujours voulu intégrer les rangs. Le Groupe 33 et le metteur en scène Jacques Albert-Canque m’accueillirent. Et après une année d’expression contemporaine (mime, danse, techniques d’acteurs), je commençais très vite à jouer. Cette compagnie semi-professionnelle faisait trois créations par an. Nous n’étions pas soumis à un cahier des charges. Notre salaire (pour chacun du groupe), venait de notre autre métier. Nous avions un public fidèle, une place très honorable dans le théâtre bordelais et les festivals en Allemagne.

Ainsi débutèrent mes années d’apprentissage. Recherche, dramaturgie, écriture collective étaient notre mode de travail. C’était la friandise de la création dans les années post 68. Nous abordions le texte proprement dit dans les derniers mètres avant les représentations. Sans le savoir, cela me préparait au travail du long-métrage… lorsque tous les éléments du jeu sont rassemblés pour l’alchimie de toute une équipe… autour du mot ACTION !


Comment cette histoire a-t-elle commencé ?


Dans certains contes, les prédictions sont écrites comme dans « La Vouivre » de Jean-François Bladé, sur le bois du lit nuptial. Pour moi, ce fut sur mon berceau… qui saura dire la légende ? A six mois dans mon landau, je tournais avec ma mère « La foire aux femmes ». Une expérience qui la toucha beaucoup et fut l’objet de nombreux commentaires dans ses rêveries à haute voix. Ou l’engagement de mes parents dans le théâtre amateur du curé du village pour payer le voyage à Lourdes aux nécessiteux de miracles (mon premier long-métrage « Le miraculé » de Jean-Pierre Mocky). Ils jouaient les premiers rôles de Molière, de Marivaux et moi, ravie, je ne ratais pas une répétition. J’adorais être là, assise sur les bancs de la salle des fêtes qui servait de marché couvert le mercredi. A la maison, c’était « Qui a peur de Virginia Woolf » et sur scène « Les amoureux transits ». Ce mystère de la Vie à la Scène a dû certainement être la première graine de mon désir pour l’art de l’interprétation. L’amour du changement, de la métamorphose, l’amour des histoires. 


D’un côté, une grand-mère « robeuse » (1) dans les châteaux de Vendée chez les royalistes. Elle ne lâchait jamais son ouvrage, racontait ce monde des grandes réceptions, des parties de chasse et les travers d’une société brillante qui collectionnait des attitudes pas toujours catholiques. Tirés à quatre épingles, ils ne rataient pas un office. Parfois, les châtelains et leurs bons amis jouaient de l’orgue le dimanche pour les chants en latin. L’autre grand-mère, maîtresse-femme d’une grosse ferme, organisait les repas avec les domestiques, pour les amis et les journaliers qui effectuaient les travaux des champs. Alors, autour de la grande table, toutes ces mains occupées aux épluchures, aux farcis et conserves, racontaient les dernières nouvelles du village … parfois, on faisait des blancs, des gestes pour ne pas dire et continuer l’histoire en ma présence; et moi, j’étais au « pétacle ».

Mon attrait pour les non-dits du langage, le non-verbal dans les films où je cherche au mieux d’être déliée, afin d’offrir à l’image cet autre langage et faire surgir les strates des inconscients des personnages que l’on me confie. J’aime les réalisateurs qui me font confiance. Et quand le mot n’arrive pas tout de suite et qu’il survient après, c’est souvent cette prise qui pour moi est la bonne.
Je souris intérieurement lorsque mon partenaire me dit après la prise : « Alors ! Tu l’enchaînes le mot ! »… qui détient la vérité ???
A un moment, si je tiens les manettes, du mou m’est demandé… ou un craché. On dirait surjouer, mais il y a des mots qui ne peuvent sortir que comme des balles ou un lâcher de rasoirs bien aiguisés.


Votre parcours artistique semble complet.


Mon parcours artistique semble complet ? Que Dieu vous entende ! Je devrais travailler beaucoup plus souvent que je ne le fais. 10 ans de théâtre, 20 ans de télévision et de cinéma. J’ai touché à tout ? Mais est-ce toucher ? Je me suis roulée dedans comme dans les vagues de la mer, immergée, cela a fait corps avec ma vie. C’est pour cela que je suis si grosse ! (Rires) 
Cela prend de la place les alluvions du fleuve des rôles, le fantasme généré chez l’autre, la perte de repère que les autres n’ont pas de votre vraie identité. Ce n’est pas très important qui on est (enfin !), sauf pour soi et les siens, cette intime famille à qui vous arrachez les tripes quand vous jouez les méchantes. 
C’est pour cette raison que je me donne le devoir de le faire, uniquement lorsque c’est justifié, et non pour un effet GORE gratuit. Ou alors cela m’a échappé.

Comment cette histoire a-t-elle commencé Philippe ? Voyez-vous, c’est facile après avoir parcouru un demi-siècle, de voir les enjambements. Sans être une Lacanienne pure et dure (j’aime être une fidèle infidèle), on est en pleine école de la cause. Quand on voit les choses à rebrousse-poil c’est facile, l’évidence même.
Un autre événement a été le moteur d’un grand déploiement d’imaginaire. Mon père était au front pendant les cinq ans de la guerre d’Algérie dans un triangle djebel entre Bougie et Constantine… Engagé dans l’armée pour nourrir sa famille.

Agé, il avait été reçu à un engagement tardif dans l’infanterie de marine, grâce à ses activités dans le maquis pendant la guerre 39-45, et à la dernière année passée en camp de concentration. L’éducation des jeunes appelés Africains au Sénégal, même loin de son pays, était simple et agréable.
Il enseignait le français et la mécanique. Mais il fut rappelé pour cette horrible guerre d’Algérie (il ne s’en est d’ailleurs  jamais remis, comme tous ceux qui l’ont faite ; à  part ceux jouissant de l’état de barbarie déployée en temps de guerre).
Eh bien nous, à la maison avec le reste de la famille, pour conjurer le pire, avec ma sœur ma complice, nous inventions des rituels. Et en jouant aux osselets, suivant les résultats, nous imaginions devant la boîte à lettres les raisons de la quasi habitude d’absence de courrier et sans nous le dire, nous manipulions le jeu pour détourner les horribles pronostiques.

Nous devions maintenir le rire, la gaieté dans une maison habitée par l’angoisse, l’absence, le silence et la mise en quarantaine à l’école à cause de la guerre d’Algérie ; les gamins ne comprenaient rien, mais à l’écart nous étions.
Quand nous étions dans la même école avec ma sœur, c’était bien. Mais quand elle était dans une autre école (ouille !) …
Eh bien j’ai résisté grâce à mon amour, déjà, des histoires, de la lecture. Je restais dans la classe à la récréation. Je lisais.
Pour les vacances, je revenais au village et je ravissais tous les gens avec mes mots. Ils aimaient m’entendre, et pendant que les repas se préparaient à la ferme, je racontais aux journaliers des histoires. Ils oubliaient la fatigue des champs, ils riaient de bon cœur, ils m’appelaient la Pompette (du nom des petites poules naines en Charente-Maritime). Et dans le « queureux » (la cour de la ferme), le cercle s’élargissait.
Ma sœur, toujours ma secrétaire, à l’époque toujours fascinée de mes mots et inventions, écrivait ce que je racontais.
C’était commencé… et là, j’oubliais la douleur de la mise au silence de la cour d’école, les larmes de ma mère, ses colères créées par son angoisse de l’Algérie. Et j’étais riche, riche de tout.

J’avais lu, imaginé, ce qui m’avais permis de tenir. Et je voyais des visages heureux. C’était commencé…
Après, c’est comme la construction d’une pyramide; la vie a continué d’offrir les pierres qui m’ont amenée à 33 ans à dire: « oui ce sera mon métier ».
Après ces dix ans de pratique amateur, contenant aussi  le conservatoire de Bordeaux et quelques travaux avec les compagnies bordelaises CDA, Fartov et Belcher, le théâtre des Chimères à Bayonne, Paris s’imposait donc. La peur au cœur, le courage vent-arrière, mon talent manifesté par le public était ma vaillance et mon audace.


En lisant votre itinéraire, on s’aperçoit qu’il y a très peu de temps morts. Etes-vous un bourreau du travail et prenez-vous tout ce que l’on vous propose ?


Je ne suis pas un bourreau de travail Philippe !
Il faut ce qu’il faut, 33 ans c’est tard pour commencer ce métier. Les familles sont construites. Je suis la première de la famille à choisir ce métier.

En exil de mon Aquitaine et de mes Amis,  pour rencontrer des Maîtres et peaufiner l’apprentissage acquis par la pratique de plateau. Il me fallait apprendre la technique. Faite pour le théâtre qui ne m’ouvrait pas ou si peu ses portes, il me fallait apprendre la différence pour le cinéma, lui qui m’accueillait. J’ai eu le bonheur de rencontrer… « secret ».
Mon entraînement avec lui me valut des étiquettes incroyables (quand on est un être sensé quelle belle boîte à outils !), complété par d’autres méthodes glanées et adaptées à l’art du cinéma. Le plus difficile maintenant, c’est d’obtenir des rôles.

Mais comme un danseur, un musicien, chaque jour je travaille mon instrument ; et grâce à un voyage de sept pièces de théâtre que j’ai écrites et jouées, j’ai découvert le Conte …
Aujourd’hui conteuse, je soigne ma mémoire, la vivacité de l’esprit d’adaptation, la maîtrise de toute la structure du Conte, les personnages évoqués, simplement le trait des caractères. C’est comme un peintre, quelques touches et c’est là.
Et pour mettre la vie au conte comme dans  l’écriture Haïku  avec toute la matière, ici les cinq sens. Toujours en éveil et affûter l’instrument. Il faut ce qu’il faut. Jacques Deschamps, réalisateur de « Méfie-toi de l’eau qui dort » (Festival de Venise 1996) avec qui j’ai eu la joie de travailler, répondit un jour à cette question : « C’est comment la vie d’être réalisateur ? »

« Tous les jours, tout le temps » me répondit-il.
Cela m’a rassurée. Vous souhaitez savoir Philippe, si je prends tout ce que l’on me propose ? Pour les courts-métrages, je choisis très serré. Pour les longs… Sauf des choses très antinomiques avec mes valeurs fondamentales.
Le reste, devoir trouver une justification face au rôle, s’il est vraiment abject. Autrement, c’est pour l’aventure d’un film, d’une histoire, d’un capitaine de vaisseau (le réalisateur) et de son équipage. Le lien est si important, de chaque maillon. J’aime le corps – d’une équipe cinématographique comme une baleine contenant le tout.
C’est beau à pleurer. A bout de souffle, du même souffle, tendu sur le même fil…


A l’instar de Philippe Nahon, vous êtes à la fois présente dans de grosses productions (Amélie Poulain, Un long dimanche de fiançailles) et dans des réalisations plus modestes (courts-métrages, télé). Est-ce pour vous un passage obligé et nécessaire ?


Effectivement, c’est bien observé Philippe. Mon cœur est au long… Il y a, j’ai mémoire, « La nuit africaine » de Gérard Guillaume où je jouais avec Bernard Fresson (sur Antenne 2).
J’y tenais le rôle d’une mère maquerelle de la Bodega à Dakar. J’étais habillée par les costumes de la SFP, somptueux. Il y a de très belles choses en télévision. Tout est apprentissage, dextérité. La compétence, la rapidité, y être aussi bonne que dans un long-métrage. Chaque plateau a son attrait. Sans avoir été une passionnée de train électrique, j’avoue que les grues, les appareils sophistiqués avec lesquels on joue comme avec deux partenaires ou plus, et d’être encore plus en harmonie avec une équipe, c’est un beau challenge. Et un bonheur partagé quand on s’épuise et réussit ensemble. C’est comme un chœur antique avec les protagonistes…


Comment alternez-vous vos passages sur les planches et devant la caméra ?


C’est la Vie qui choisit…


Vous ne ressemblez à personne dans le paysage cinématographique français et personne ne vous ressemble.


Je prends cette phrase comme un compliment, mais ne la développerai pas… Le mystère d’une rondeur insistante, fait que l’on doit s’aménager avec. L’avantage, aucun réalisateur n’a le même fantasme. C’est un avantage ! Il leur manque de mots à cette « dodue »…
Avec l’âge, cela devrait basculer et je devrais obtenir plus de seconds rôles, comme dans les films des années 50.


Maintenant, après les TAPAS de la trajectoire de Mme Frankie Pain, abordons le plat de résistance, et les raisons de cette interview : GASPAR  NOÉ !


Comment se retrouve-t-on embauchée par Gaspar Noé ?


Gaspar Noé fait partie de cette famille de réalisateurs à ne pas aimer les acteurs, et à préférer un mixte acteurs-non acteurs comme Ken Loach… Pour le rôle de la patronne de la Villette, il avait envisagé et commencé avec une charmante belle dame brune, opulente et sensuelle. 
Mais devant faire et refaire, après avoir tourné quelques scènes, il dut envisager une autre solution. Le fichier électronique Claude Wolf, un très bon chasseur de têtes, qui avait déjà trouvé Philippe Nahon (si ma mémoire est exacte, depuis le temps…), a dirigé Gaspar Noé vers moi. Je le reçus dans une cour intérieure de la rue Ramponeau, dans ma maison entre deux arbres. Je vous joins les photos.

La rencontre était historique, le cadre ayant lui-même disparu aujourd’hui. Au bureau, face à moi, au milieu de mes livres, manuscrits, dessins et tissus, il m’a raconté l’histoire de Carne, du boucher, de la patronne du bistrot, du boucher et de sa fille, de la viande chevaline. Gaspar était très précis. Avec cette voix spécifique, cette voix de confidence, ses sourires, sa grande culture et son intelligence.
L’histoire m’a conquise, l’Etre aussi. Dans mon Médoc, où je travaillais en action éducative en milieu ouvert, j’avais été en mission auprès d’enfants autistes ou ayant des formes déficitaires proches de l’autisme et souffrant des suites d’inceste. Je pouvais donc par ce rôle, servir l’art et m’engager dans une voie éthique. Je pouvais prendre à bras le corps ce personnage différent de moi, dont Gaspar me sollicitait pour traiter son histoire. Nous avons visité la garde-robe sur ses bases de recherches, et après qu’il m’eut remis quelques pages de chaque séquence, je me suis mise à penser, chercher, mesurer et dessiner pour me mettre au diapason de Gaspar et de son histoire.

Le temps, la vie, le lien permanent avec Gaspar. Très souvent au téléphone nous parlions cinéma, et… droit de réserve. Il fut mon maître dans mon peu de connaissances cinéphiliques, il m’initia à regarder, à entendre. Je lui dois d’avoir marqué une ou deux générations de jeunes publics qui me manifestent respect et considération encore aujourd’hui. C’est souvent l’occasion de tendres et très agréables échanges instructifs sur le cinéma. Lors de rencontres au Forum de l’Image, dans la rue, les Festivals… partout dans le monde, en anglais, en espagnol, en japonais. Il a éveillé mon sens critique, m’a encouragée à écrire mes pièces de théâtre. Il fut quasiment le seul à avoir suivi les prémices de ma saga « Les fracasseries de Rose » dans le lieu « y a de la joie », mon laboratoire avec public du 20ème arrondissement.

Souvent, il faisait référence à Albert Dupontel : ses spectacles. Je ne révèle rien de secret, puisqu’il est à l’affiche de son troisième film « Irréversible ». Malgré son plus jeune âge que le mien, Gaspar a eu une fonction paternelle pour moi, d’initiateur cinématographique.


Aviez-vous vu « Tintarella di luna » et « Pulpe amère » ?


Non, je ne les avais pas vus.


Je trouve la patronne de bistrot très castratrice. Le ressentiez-vous ainsi ?


Vous savez, je travaille méthodiquement. Un personnage, c’est comme un jeu de piste : il y a ce que dit le réalisateur, ses écrits et le dessin. A partir de là, j’explore et je pars à sa rencontre… la rencontre de nos différences. Elle parle peu, elle est, elle agit. J’observe dans mon environnement ou ailleurs, les êtres qui semblent le plus lui ressembler.

Puis dans mon laboratoire, je reproduis, je délimite son cadre… et je m’immerge pour alors trouver ses pensées intérieures. C’est ainsi que je découvre les petits détails de sa gestuelle, de ses dessous, de ses habits et de ce qu’elle fait dans ses différentes scènes. Je découvre ses tics, ses mots et je les offre au réalisateur… Gaspar en l’occurrence.

C’était la première fois que j’avais à faire avec un personnage contemporain si différent de moi. C’est comme cela que j’ai proposé à Gaspar mes dessous noirs, « le corps marqué » de la guêpière noire et les bas. Au moment de la scène du lit, où j’avais froissé la lettre du boucher à sa fille pour la glisser entre mes seins. Gaspar l’avait envisagée nue. Pour moi, à ce moment précis, cette femme ne pouvait être qu’en position de force. A partir de 30 ans, une femme ne se montre jamais nue. Le baiser au boucher. Là c’était l’actrice !

Je ne m’étais jamais trouvée en position de femme « la main panier du monsieur », sans que celui-ci soit en éclat. Il n’y a évidemment, que quand on travaille en situation avec des acteurs de « l’Actors’ Studio » que cela se produit (cela m’est arrivé). Mais la situation du rôle du boucher, dans la cave, picolant sa bouteille de Rhum, c’était vraiment pour l’actrice.
J’ai demandé qu’on aille chercher une carotte ! Je ne sais ce que l’accessoiriste a trouvé. Cela nous a bien fait rire (certains). Moi, j’avais pu faire mon premier baiser au cinéma… CUT.

Pour la scène de la cuisine, là aussi je la voyais en train de préparer le pot au feu, portant une gaine mémère, enceinte, ses projets accomplis, épluchant carottes et oignons.  Pourquoi donc aurait-elle encore séduit le boucher. Nous nous sommes mis d’accord avec Gaspar… j’ai eu mon oignon, ma carotte et il a pris ma tenue de mémère que j’avais apportée… et le reste (carte de réserve). J’aime d’ailleurs cette quête du détail infime pour chacun. Je cherche profondément la logique interne du personnage, pour offrir son adéquation avec le scénario, sa ligne de conduite avec ce qu’elle est. Le reste appartient au réalisateur et au public.


Est-ce jubilatoire de jouer l’excès à ce point ?


Oui. J’aime le travail bien fait. Cela fait partie de 

mon éducation et de ce que m’ont enseigné mes maîtres, mes patrons. A la ferme, soigner le bétail, réussir une greffe d’arbre fruitier, choisir l’étalon pour la jument ou le taureau pour le troupeau de vaches. Avoir la belle qualité d’un cliché radiologique pour le diagnostic. Faire des compléments d’exploration, pour accomplir avec tous les éléments nécessaires, une intervention chirurgicale. Pour un rôle c’est pareil. Le réalisateur a planté le cadre et l’on doit faire vivre ces personnages dans le meilleur épanouissement.
Ce qui est jubilatoire, c’est lorsque l’on observe le réalisateur et que dans ce que l’on a pu appréhender de lui, on sait en le regardant et en écoutant la respiration de l’équipe, que c’est là dans la boîte. Et le cœur bat le temps de la Lili (2) et du poil au cadre. Et qu’avec cela, on peut faire quelque chose de bien et que l’on a répondu à son fantasme. En bonne hystérique, répondre à ce point au désir de l’autre est de l’ordre d’une très grande satisfaction, une forme d’EXTASE.
Exemple : la scène de la discorde avec Philippe. Ce plan-séquence NON ÉCRIT atteint son paroxysme – après rupture interne, la femme pleure son enfant, et comme un animal se traîne à quatre pattes… Tous les ingrédients avaient été  recherchés en moi en strates successives, quémandés dans ma minutieuse préparation d’un état d’improvisation. [J’avais besoin de savoir si le personnage était enceinte ou pas ; on n’est pas la même femme habitée de vie d’une progéniture].

Tous ces éléments sont venus en fondu et enchaîné à la première répétition et après 40 fois. Le plan-séquence fut reproduit pour les besoins de la cause gasparienne. [Sur cette scène quasi improvisée, je ne sais quel contre-transfert a parcouru l’échine neuronale de Gaspar, pour qu’il ait porté aux nues les qualités improvisatrices de son acteur, et de ne pas avoir nommé les miennes !] Mon reproche à Gaspar Noé concernant cette scène, c’est qu’il ne disait pas « Action ! ». Et c’était très dur pour moi, de me lancer avec la charge intérieure que j’avais.


Philippe Nahon et Blandine Lenoir me disaient qu’il y avait beaucoup de rires entre les prises. En était-il de même pour vous ?


Mes liens étaient plus avec Martine ma mère. Pour le reste, j’accomplissais la coiffure, le make-up et les raccords; ce qui ne me laissait guère le temps de m’éparpiller entre les prises.
Détente et recharge de la différence entre le personnage et moi-même. Cela faisait pas mal de choses à faire.
Durant les temps morts, s’il y en avait,  je cousais la layette du « futur enfant fiction ». Cela me servait de paratonnerre ou de prise de terre ; ainsi j’élaguais le trop. Je complétais le manque à la situation par mes petits cahiers de dessins ou d’écriture, que j’avais composés comme guides en cas de panne.


Le cinéma n’est-il pas qu’un jeu, en dépit des apparences ?


Qu’un jeu ?… en dépit des apparences !  Un jour, dans « La maison des Bernardas » de Garcia Lorca, je jouais le rôle de Magdalena. Le jour de la Première, le public était à un mètre de moi, de nous… je le sentais ailleurs du personnage chaque soir. Je réinterrogerais chaque scène, j’interrogeais le metteur en scène, et nous n’arrivions pas à comprendre. Je relisais Lorca, d’autres pièces de lui pour comprendre la résistance sur ce personnage… Je refaisais la liste d’un sociogramme sur la famille, les sœurs… Au bout d’un moment de cette assiduité, le public m’accompagna par son regard dans l’histoire. Un soir j’ai trouvé et j’étais tranquille. Le metteur en scène, après une grosse bouderie, m’avait accordé ma trouvaille. C’était là.

Revenons à Gaspar. Concernant les apparences il faut que les pions du jeu soient à leur place. Il y a une anecdote de taille entre Gaspar et moi, qui a facilement duré six mois. Un point de son synopsis concernant la patronne était illogique compte tenu du personnage… Ce dernier, la patronne, perdait sa logique. Alors j’ai refusé de jouer la suite. J’allais trahir tous ceux qui avaient cru à la femme de « Carne ». Mon compagnon de l’époque, me voyant fort dépitée après cet incident majeur […]. Je lui raconte, il convient de ma justesse, j’avais confiance en lui. Son savoir longuement éprouvé dans des chaires d’ethnologie du monde entier lui fit me répondre : « Ma chérie, c’est toi qui porte le corps, le tout du personnage, c’est toi qui seras fautive. On ne te pardonnera pas d’avoir coupé le rêve ou en l’occurrence le cauchemar ». C’est comme en mathématiques, on aime bien avoir la preuve par deux ». Ce point-obstacle du personnage, je l’ai intégré après. Mais entre temps, le boucher avait roué de coups son ventre « enceint », et l’enfant pouvait être mort. Ce point-là, à ce moment-là pouvait exister, car il s’agissait d’une mère et de sa progéniture.


Sur photo, vous semblez heureuse de vivre.


Je suis d’une nature joviale, primesautière. Certains aléas peuvent me toucher très fort, comme le manque de travail et la trahison. Mon sourire est alors en berne.


Si tel est le cas, que pensez-vous du Cinéma très sombre de Gaspar Noé ?


Il traite de points de réalité, de points de réel et comme chacun sait, c’est non symbolisable. Cela a sa raison d’être et l’on peut « trépasser ».


Est-ce un univers dans lequel il est facile de se glisser et en ressort-on sans « bleus » ?


Gaspar accompagne ses acteurs. C’était un sacré challenge pour son équipe et lui-même. Car la réalisation, l’éclosion, le montage, la sortie de « Carne » et de « Seul contre tous » a duré très longtemps. Beaucoup d’essentiel, de justesse, de simplicité, de présence. Alors forcément, on a le plaisir d’être là avec ce qu’on a à y faire. Le plus dur après, c’est la séparation. Couper le cordon, le deuil à faire, digérer certains stigmates et leurs conséquences. La perte d’un lien, d’une complicité subtile, comme pour toutes les grandes histoires.
Voilà, si l’on peut parler de bleus à l’Ame.


Vous avez été psycho-pédagogue au CHR de Bordeaux. Cette activité vous a-t-elle été utile dans votre métier de comédienne ? Si oui, pouvez-vous nous en dire plus ?


C’est en étant responsable de radiologie pendant quelques années, que s’est ouvert en moi le désir de découvrir l’Etre au-delà de son anatomie, dans les miasmes de sa psychologie. Sans oublier l’apport de mes études à l’université en Sciences Humaines. Lacan disait : « Ce qui compte  c’est l’art, la psychologie c’est après ». J’ai eu le bonheur de commencer avec des professeurs très exigeants, passionnés, engagés dans leurs travaux sur l’Etre, autant que peuvent l’être certains réalisateurs pour leur Art.
Ayant un spectre très large dans les fantasmes des réalisateurs, j’ai aujourd’hui, après des années d’apprentissage au cinéma, la faculté de passer très rapidement d’un rôle à l’autre assez justement et sans trop de difficultés. Après c’est el Maestro qui, son œil d’aigle rivé sur l’écran de contrôle (un Combo je crois), me dirige et crée avec moi de clap en clap, la dernière prise. Je viens de tourner sous la direction de Djamel Bensallah « Il était une fois dans l’oued ». Un rôle rapide et terrible. Un rôle quasi historique dans ce qu’il contient… il n’est pas fini.


Quelle fut votre réaction lorsque vous avez vu le court et le long métrage pour la première fois ?


Le choc des monologues du rôle tenu par Philippe Nahon ! Si je les avais lus avant de jouer… je ne sais pas si j’aurais accepté. Je n’aurais pas pu… Pour le reste, c’était une histoire, ce n’était pas moi et c’est l’histoire du film de Gaspar.
Je suis fière de mon travail. Il y a une adéquation entre ce que j’avais voulu faire et ce qui a été pris et monté.

[NDW : Après la sortie de Carne, Frankie Pain fut envahie d'appels téléphoniques de fétichistes lui demandant ses mesures pour lui envoyer des costumes en latex et des bottes spéciales !]


Votre travail avec Gaspar Noé fut-il un tournant dans votre carrière, et si oui, dans quelle mesure ?


J’avais fait deux essais pour le rôle de Madame Tapioca dans « Delicatessen »  de Caro et Jean-Pierre Jeunet, mais cela n’a pas abouti. Après la sortie de « Carne », Caro et Jeunet ont demandé à Gaspar si je pouvais jouer dans « La cité des enfants perdus », le rôle de la maîtresse du dompteur de puces. Gaspar a accepté. Je l’ai donc fait. Après « Carne », Gaspar s’amusait à dire à Jean-Pierre Jeunet et à Caro, en parlant de moi : « Vous ne l’avez pas voulue, eh bien c’est moi qui l’ai eue ! ». Puis vint la rencontre avec Christophe Gans et « Le pacte des loups ». J’y jouais une mère maquerelle. Tout cela fait référence dans le métier. Un tournant ? Cela m’a ouvert des portes… et fermé d’autres. La vie coule. J’aime être dans les films d’auteurs.


Auriez-vous aimé participer à « Irréversible » ?


Non. Le sujet est trop hard. Maintenant, je me sens prête à aller le voir. La distribution était parfaite, il ne pouvait pas y en avoir d’autre.


Que pensez-vous de ce film, et y retrouvez-vous la patte de Gaspar Noé ?


Sans l’avoir vu, j’ai tout suivi : presse, Cannes, les interviews des protagonistes. Bien sûr, on doit y retrouver la « patte » et les qualités de réalisateur de Gaspar.


Seriez-vous partante pour une nouvelle collaboration ?


OUI !


Pensez-vous que le Temps détruise tout ?


Je pense que le temps désaffective les choses, et laisse en place la vraie valeur des liens qui se sont tissés entre les Etres. Gaspar fait partie de ma géographie humaine. Le reste n’est qu’affaire de quête initiatique, de passages obligés…
L’univers de Dante est au-dessus de certaines têtes, comme son texte sur l’Enfer : « Quand on rentre ici, il n’y a plus d’espoir ».

Une anecdote oubliée, c’est l’avant-première de « Seul contre tous » au Max Linder. Un monde. Pour honorer le film de Gaspar, je m’étais habillée dans un camaïeu de rouge-violet. Aucune place ne m’avait été réservée. Alors je demande à quelques amis de se débrouiller pour m’en trouver une. Une amie y arrive :

- « Monsieur, la place est libre ? C’est une des actrices et elle n’en a pas »
- « Oui »  le visage très en réserve du Monsieur.

Ma copine m’annonce le « oui »,  j’arrive heureuse de me poser. Il y avait beaucoup de pression, d’excitation, d’attente … et j’entends de celui qui m’accueillait à côté de lui :

- « Frankie Pain ? »
- « Oui. Mais ne seriez-vous pas Mathieu Kassovitz ? »
- « Si… mais c’est vous ? Mais vous n’êtes pas la femme monstrueuse que j’attendais ! »

Il prit le temps d’appréhender encore le morceau de chair  au visage de poupée, aux cheveux blonds ondulés lâchés sur les épaules, découvrant mon sourire. Je voyais dans ses yeux kaléidoscopiques beaucoup de choses se dérouler. En me regardant — la Surprise, l’étonnement. Je le félicitais de ses talents de réalisateur et d’acteur; j’aimais l’un et l’autre. Il fit de même pour moi, pour l’actrice… nous étions comme deux premiers communiants. Nous nous souhaitâmes bon film. Il m’arrivait de pleurer à certains passages, Mathieu mettait alors sa main sur mon bras et me disait :

- « Frankie, ce n’est qu’un film »

Ensuite, nous nous sommes retrouvés au café et il a osé me demander mon âge. Je lui ai répondu en rougissant… c’était un regard chaleureux qui avait été nettoyé d’un certain nombre de scories. Nous nous sommes croisés après, lui tournant Gare de l’Est sur Amélie Poulain, moi venant faire mes essais de costumes, de coiffure… une bise furtive. C’était des clins d’œil. Après la sortie d’Amélie Poulain, je le vouvoyais — il s’en offusquait. Je lui dis :

- « Non, le vous c’est pour ceux qui m’ont emmenée dans le rêve »

Nous étions heureux du succès que l’on sentait poindre pour le film de Jean-Pierre Jeunet. Ils s’aimaient tous ces êtres-là. Je sais que Gaspar était très présent à la première projection-équipe du « Long dimanche de fiançailles » et à l’avant-première du 19 octobre. Moi, je vais le découvrir aujourd’hui et je m’y prépare dès ce matin, après la fin. Je suis ravie de vous offrir ce contenu, pour le public qui m’aime, m’attend et me guette. Je suis une « femme d’Impasse journalistique »

Merci que votre Passion l’ait comblée.

J’ai répondu avec bonheur à cette interview, car j’ai croisé beaucoup de passionnés de Gaspar et de son Œuvre. Et je suis heureuse que ses qualités cinématographiques créent autant de liens, malgré la teneur des sujets et la noirceur de notre époque.

Bonne continuation à votre site.


Remerciements à l’Agence Marceline Lenoir, sans laquelle cette interview n’aurait pas pu se faire. Toute mon AFFECTION à Frankie Pain pour ce fantastique voyage au Cœur de son Histoire. Mille et un mercis d’avoir passé ce temps à cet art du fragment.
Je n’oublierai jamais cet étonnant après-midi de Toussaint passé chez moi devant une tasse de thé, une somptueuse tarte aux pommes (rires !), la citrouille les Léonidas et les coquilles.
Merci pour votre confiance.

Un grand merci @ Mme Frankie Pain, @ l’Agence Marceline Lenoir et @ Philou

Tous les documents présentés ici appartiennent à la collection privée de Madame Pain.

"A jovial face imbued with an obvious bonhomie.

A charming smile and eyes that sparkle with mischief.

Hair that Golden Helmet would not have denied.

A generous, voluptuous body that calls for Motherhood.

This is Frankie Pain.

Nothing to do with the detestable castrating matron of "Carne" and "I Stand Alone", whose character is in its own way just as odious as that of the butcher.

Birds of a feather flock together.

And these two were made to meet!

It took a hell of a talent to bring such a shrew to life, without sinking into caricature.

It is the prerogative of the Great to perfectly master the excesses of a role without erasing them, and thus retain the essential.

Frankie Pain is like that!

Saturday 29 August 7:00 p.m.

My phone is ringing, it's Frankie Pain.

The surprise is total, because my interview request is very recent.

I am delighted.

The voice is warm, the tone very playful and even passionate.

The verb is precise.

Each word is chiseled like a gem, the diction is perfect ... no wonder

Frankie Pain is a Storyteller.

Interview by Philippe Lowinski


You have been an actress since 1972, and your artistic career seems complete, since you have touched everything: theater, television and cinema. How did it all start?


Indeed, I have been an actress since 1972… you are well informed Philippe! In 1971, major of my promotion in medical radiology, I obtained a position at the CHR in Bordeaux.

Free from these studies, I could devote myself to the art of which I had always wanted to integrate the ranks. Groupe 33 and director Jacques Albert-Canque welcomed me. And after a year of contemporary expression (mime, dance, acting techniques), I quickly began to act. This semi-professional company made three creations per year. We were not subject to specifications. Our salary (for each of the group) came from our other job. We had a loyal audience, a very honorable place in Bordeaux theater and festivals in Germany.

So began my apprenticeship years. Research, dramaturgy, collective writing were our way of working. It was the treat of creation in the years post 68. We approached the text itself in the last meters before the performances. Without knowing it, it prepared me for the work of the feature film… when all the elements of the game are brought together for the alchemy of a whole team… around the word ACTION!


How did this story start?


In some tales, the predictions are written as in "La Vouivre" by Jean-François Bladé, on the wood of the nuptial bed. For me, it was on my cradle… who can tell the legend? When I was six months old in my pram, I was filming “La foire aux femmes” with my mother. An experience that touched her a lot and was the subject of many comments in her reveries aloud. Or my parents' involvement in the village priest's amateur theater to pay for the trip to Lourdes for those in need of miracles (my first feature film "Le miraculé" by Jean-Pierre Mocky). They played the leading roles of Molière, Marivaux and I, delighted, I did not miss a rehearsal. I loved being there, sitting on the benches in the village hall which served as the covered market on Wednesdays. At home, it was “Who's Afraid of Virginia Woolf” and on stage “The Lovers Transits”. This mystery of Life on the Stage must certainly have been the first seed of my desire for the art of interpretation. The love of change, of metamorphosis, the love of stories.

On the one hand, a “robeuse” grandmother (1) in the castles of Vendée among the royalists. She never let go of her work, recounting this world of great receptions, hunting parties and the shortcomings of a brilliant society which collected attitudes that were not always Catholic. Dressed to the nines, they did not miss a service. Sometimes the squire and their good friends would play the organ on Sundays for the songs in Latin. The other grandmother, mistress-wife of a large farm, organized meals with the servants, for friends and day laborers who did the work in the fields. So, around the big table, all these hands busy with peelings, stuffing and preserves, told the latest news from the village ... sometimes, we made white people, gestures not to tell and continue the story in my presence; and me, I was in a "mess".

My attraction for the unspoken of language, the non-verbal in films where I try at best to be untied, in order to offer the image this other language and bring out the layers of the unconscious of the characters that the I am entrusted. I like directors who trust me. And when the word does not arrive immediately and it occurs afterwards, it is often this take which is the right one for me.

I smile inwardly when my partner says to me after the take: “So! You chain the word! »… Who has the truth ???

At one point, if I hold the levers, slack is asked of me… or a spat. It sounds like overplaying, but there are words that can only come out like bullets or the release of sharp razors.


Your artistic journey seems complete.


Does my artistic journey seem complete? May God hear you! I should be working a lot more often than I do. 10 years of theater, 20 years of television and cinema. Did I touch everything? But is it touching? I rolled around in it as in the waves of the sea, submerged, it became part of my life. That's why I'm so fat! (Laughs)

It takes up the alluvium of the river of roles, the fantasy generated in the other, the loss of reference that others do not have of your true identity. It doesn't really matter who you are (well!), Except for yourself and your family, this intimate family whose guts you tear when you play the bad guys.

It is for this reason that I make it my duty to do it, only when it is justified, and not for a free GORE effect. Or it escaped me.

How did this story start Philippe? See, it's easy after going half a century to see the steps. Without being a pure and hard Lacanian (I like to be a faithful unfaithful), we are in full school of the cause. When you see things the wrong way, it's easy, obvious.

Another event was the engine of a great display of imagination. My father was at the front during the five years of the Algerian war in a Jebel triangle between Bougie and Constantine… Engaged in the army to feed his family.

Aged, he had been admitted to a late engagement in the marine infantry, thanks to his activities in the maquis during the war of 39-45, and to the last year spent in a concentration camp. The education of the young called Africans in Senegal, even far from their country, was simple and pleasant.

He taught French and mechanics. But he was recalled for this horrible war in Algeria (he never recovered from it, like all those who made it; except those enjoying the state of barbarism deployed in time of war).

Well we, at home with the rest of the family, to ward off the worst, with my sister my accomplice, we invent rituals. And by playing knucklebones, depending on the results, we imagined in front of the letterbox the reasons for the almost usual absence of mail and without telling us, we manipulated the game to deflect the horrible prognosis.

We had to maintain the laughter, the gaiety in a house inhabited by anguish, absence, silence and quarantine at school because of the Algerian war; the kids didn't understand anything, but apart we were.

When we were at the same school with my sister, it was good. But when she was in another school (ouch!) ...

Well I resisted thanks to my love, already, for stories, for reading. I stayed in the classroom during recess. I read.

For the holidays, I came back to the village and I delighted all the people with my words. They liked to hear me, and while the meals were being prepared on the farm, I would tell the day laborers stories. They forgot the fatigue of the fields, they laughed heartily, they called me the Pompette (from the name of the little dwarf hens in Charente-Maritime). And in the "queureux" (the farmyard), the circle widened.

My sister, still my secretary, at the time still fascinated by my words and inventions, wrote what I said.

It had started… and there, I forgot the pain of silencing the schoolyard, my mother's tears, her anger created by her anguish for Algeria. And I was rich, rich in everything.

I had read, imagined, what had allowed me to hold on. And I saw happy faces. It was started ...

Afterwards, it's like building a pyramid; life has continued to offer the stones that led me at 33 to say: “yes it will be my job”.

After these ten years of amateur practice, also containing the Bordeaux conservatory and some work with the Bordeaux companies CDA, Fartov and Belcher, the Théâtre des Chimères in Bayonne, Paris therefore imposed itself. Fear at heart, tailwind courage, my talent manifested by the public was my bravery and my daring.


Reading your itinerary, you will notice that there is very little downtime. Are you a workaholic and take whatever is offered?


I am not a workaholic Philippe!

You need what it takes, 33 years is late to start this job. Families are built. I am the first in the family to choose this profession.

In exile from my Aquitaine and my Friends, to meet Masters and refine the learning acquired through plateau practice. I had to learn the technique. Made for the theater which did not open its doors to me, or so rarely, I had to learn the difference for the cinema, which welcomed me. I had the good fortune to meet ... "secret".

My training with him earned me incredible labels (when you're a sane being what a great toolbox!), Supplemented by other methods gleaned and adapted to the art of cinema. The hardest part now is getting roles.

But like a dancer, a musician, every day I work on my instrument; and thanks to a trip of seven plays that I wrote and performed, I discovered the Conte ...

Today a storyteller, I take care of my memory, the liveliness of the spirit of adaptation, the mastery of the entire structure of the Tale, the characters mentioned, simply the character lines. It's like a painter, a few touches and it's there.

And to bring life to the tale as in the Haiku writing with all the material, here the five senses. Always alert and sharpen the instrument. It takes what it takes. Jacques Deschamps, director of "Beware of sleeping water" (Venice Film Festival 1996) with whom I had the joy of working, answered this question one day: "How is life to be?" director? "

"Every day, all the time" he replied.

It reassured me. You want to know Philippe, if I take everything that is offered to me? For short films, I choose very tight. For the long ones… Except things very contradictory with my fundamental values.

The rest, having to find a justification for the role, if it is really abject. Otherwise, it's for the adventure of a movie, a story, a captain (the director) and his crew. The link is so important, every link. I love the body - of a film crew like a whale containing it all.

It's beautiful to cry. Out of breath, with the same breath, stretched on the same thread ...


Like Philippe Nahon, you are both present in large productions (Amélie Poulain, Un long dimanche de fiançailles) and in more modest productions (short films, TV). Is this an obligatory and necessary passage for you?


Indeed, it is well observed Philippe. My heart is long… There is, I remember, “The African night” by Gérard Guillaume where I played with Bernard Fresson (on Antenne 2).

I played the role of a pimp mother from the Bodega in Dakar. I was dressed in the sumptuous SFP costumes. There are some very beautiful things in television. Everything is learning, dexterity. Skill, speed, to be as good as in a feature film. Each tray has its appeal. Without having been an electric train enthusiast, I admit that the cranes, the sophisticated devices with which we play as with two or more partners, and to be even more in harmony with a team, it is a great challenge. And a shared happiness when we exhaust ourselves and succeed together. It's like an ancient choir with the protagonists ...


How do you alternate your passages on the boards and in front of the camera?


It is Life that chooses ...


You are unlike anybody else in the French cinematic landscape, and no one is like you.


I take this sentence as a compliment, but will not develop it ... The mystery of an insistent roundness, that we must come to terms with. The advantage, no director has the same fantasy. It's an advantage ! They lack words at this "plump" ...

With age, that should change and I should get more supporting roles, like in the movies of the 50s.


Now, after the TAPAS of Mrs. Frankie Pain's trajectory, let's tackle the main course, and the reasons for this interview: GASPAR NOÉ!


How do we find ourselves hired by Gaspar Noé?


Gaspar Noé is part of this family of directors who does not like actors, and prefers a mixed actor-non-actor like Ken Loach… For the role of the patron saint of La Villette, he had envisioned and started with a charming beautiful brunette lady , opulent and sensual.

But having to do and redo, after shooting a few scenes, he had to consider another solution. The electronic file Claude Wolf, a very good headhunter, who had already found Philippe Nahon (if my memory is correct, since the time…), directed Gaspar Noé towards me. I received him in an interior courtyard on rue Ramponeau, in my house between two trees. I enclose the photos.

The meeting was historic, the setting itself having disappeared today. At the office, in front of me, in the middle of my books, manuscripts, drawings and fabrics, he told me the story of Carne, the butcher, the owner of the bistro, the butcher and his daughter, horse meat . Gaspar was very precise. With this specific voice, this voice of confidence, her smiles, her great culture and her intelligence.

History conquered me, Being too. In my Médoc, where I worked in educational action in an open environment, I had been on a mission with autistic children or those with deficient forms close to autism and suffering from incest consequences. I could therefore, through this role, serve art and embark on an ethical path. I could embrace this character who was different from me, whom Gaspar asked me to deal with his story. We visited the wardrobe based on his research, and after he gave me a few pages of each sequence, I began to think, search, measure and draw to get in tune with Gaspar and his story.

Time, life, the permanent link with Gaspar. Very often on the phone we talked about cinema, and… right of reservation. He was my master in my little knowledge of cinema, he initiated me to watch, to hear. I owe him for having marked one or two generations of young audiences who still show me respect and consideration today. It is often the occasion of tender and very pleasant informative exchanges on the cinema. During meetings at the Image Forum, in the street, at Festivals ... all over the world, in English, Spanish, Japanese. He awakened my critical sense, encouraged me to write my plays. He was almost the only one to have followed the beginnings of my saga "Les fracasseries de Rose" in the place "there is joy", my laboratory with public in the 20th arrondissement.

Often he referred to Albert Dupontel: his shows. I'm not revealing anything secret, since he is showing his third film "Irreversible". Despite his younger age than mine, Gaspar had a paternal role for me, a cinematographic initiator.


Have you seen " Tintarella di luna " and " Pulpe Amère "?


No, I havn't seen them.


I find the owner of the bistro very castrating. Did you feel it that way?


You know, I work methodically. A character is like a treasure hunt: there is what the director says, his writings and the drawing. From there, I explore and I go to meet him… the meeting of our differences. She speaks little, she is, she acts. I observe in my environment or elsewhere, the beings who seem to resemble him the most.

Then in my laboratory, I reproduce, I delimit its frame… and I immerse myself to find its interior thoughts. This is how I discover the small details of her body language, her underwear, her clothes and what she does in her different scenes. I discover his tics, his words and I offer them to the director… Gaspar in this case.

It was the first time I had to do with a contemporary character so different from me. That's how I offered Gaspar my black underwear, "the marked body" of the black corset and stockings. At the moment of the bed scene, where I had crumpled the letter from the butcher to his daughter to slip it between my breasts. Gaspar had envisioned her naked. For me, at this precise moment, this woman could only be in a position of strength. From the age of 30, a woman never shows herself naked. The butcher's kiss. There it was the actress!

I had never been in the position of a woman "the man's basket hand", without it being shattered. Obviously, it is only when working in a situation with actors from the “Actors' Studio” that this happens (it happened to me). But the situation of the role of the butcher, in the cellar, booze his bottle of rum, it was really for the actress.

I asked that we go get a carrot! I do not know what the propsman found. It made us laugh (some). Me, I had been able to make my first kiss at the cinema… CUT.

For the kitchen scene, there too I saw her preparing the pot au feu, wearing a mother's sleeve, pregnant, her projects accomplished, peeling carrots and onions. Why then would she have seduced the butcher again. We made an agreement with Gaspar… I had my onion, my carrot and he took my granny outfit that I had brought… and the rest (reserve card). I also like this quest for minute detail for everyone. I deeply seek the internal logic of the character, to offer its adequacy with the scenario, its line of conduct with what it is. The rest is up to the director and the audience.


Is it exhilarating to play the excess at this point?


Yes. I like work that is well done. This is part of my education and what my masters and bosses taught me. On the farm, care for the cattle, successfully graft a fruit tree, choose the stallion for the mare or the bull for the herd of cows. Have the good quality of an X-ray picture for the diagnosis. Make additional exploration, to accomplish with all the necessary elements, a surgical intervention. It's the same for a role. The director has set the scene and we must bring these characters to life in the best possible way.

What is jubilant is when we observe the director and what we have been able to understand about him, we know by watching him and listening to the breathing of the team, that it is there in the box. And the heart beats the time of the Lili (2) and the hair in the frame. And with that, we can do something good and that we have fulfilled our fantasy. In good hysterics, responding at this point to the desire of the other is of the order of a very great satisfaction, a form of ECSTASY.

Example: the scene of discord with Philippe. This UNWRITED sequence shot reaches its climax - after an internal rupture, the woman cries for her child, and like an animal crawls on all fours… All the ingredients had been sought in me in successive layers, requested in my meticulous preparation of a state of improvisation. [I needed to know if the character was pregnant or not; one is not the same woman inhabited by the life of offspring].

All of these elements faded and chained on the first repetition and after 40 times. The sequence shot was reproduced for the needs of the Gasparian cause. [On this almost improvised scene, I do not know what countertransference ran through Gaspar's neuronal spine, so that he had raised the improvisatory qualities of his actor to the skies, and for not having named mine!] My reproach to Gaspar Noé concerning this scene, it is because he did not say “Action! ". And it was very hard for me to start with the inner load that I had.


Philippe nahon and Blandine Lenoir told me there was a lot of laughter between takes. Was it the same for you?


My links were more with Martine my mother. For the rest, I did the hairstyle, make-up and fittings; which hardly left me time to scatter between takes.

Relaxing and recharging the difference between the character and myself. It was quite a lot to do.

During down times, if there were any, I sewed the layette for the “future child fiction”. It served me as a lightning rod or an earth; thus I pruned the excess. I supplemented the lack of the situation with my little drawing or writing notebooks, which I had composed as guides in the event of a breakdown.


Isn't cinema just a game, despite appearances?


What a game?… Despite appearances! One day, in Garcia Lorca's “La maison des Bernardas”, I played the role of Magdalena. The day of the premiere, the audience was a meter away from me, from us… I could feel it elsewhere from the character every night. I would question every scene again, I would question the director, and we couldn't figure it out. I reread Lorca, other pieces of him to understand the resistance on this character… I redid the list of a sociogram on the family, the sisters… At the end of a moment of this attendance, the public accompanied me by his look in history. One evening I found it and I was at peace. The director, after a big sulk, had granted me my find. It was there.

Back to Gaspar. Regarding appearances, the game pawns must be in their place. There is an important anecdote between Gaspar and me, which easily lasted six months. One point in his synopsis concerning the boss was illogical given the character… The latter, the boss, was losing his logic. So I refused to play the sequel. I was going to betray everyone who believed in "Carne's" wife. My companion at the time, seeing me very upset after this major incident […]. I tell him, it suits my accuracy, I trusted him. His knowledge, tested for a long time in chairs of ethnology all over the world, made him answer: "My darling, it is you who carries the body, the whole of the character, it is you who will be at fault. We will not forgive you for having cut off the dream or in this case the nightmare ”. It's like in mathematics, we like to have the proof by two ”. This obstacle point of the character, I integrated it afterwards. But in the meantime, the butcher had kicked her "pregnant" belly badly, and the child could be dead. That point, at that time, could exist, for it was a mother and her offspring.


On a photo, you seem happy to be alive.


I am of a jovial nature, presumptuous. Certain hazards can affect me very strongly, such as lack of work and betrayal. My smile is at half mast then.


If so, what do you think of Gaspar Noé's Very Dark Cinema?


It deals with points of reality, of points of reality and as everyone knows, it cannot be symbolized. This has its reason for being and we can "pass away".


Is it a universe in which it is easy to slip into and do you come out without "bruises"?


Gaspar supports its actors. It was a big challenge for his team and himself. Because the realization, the blossoming, the editing, the release of "Carne" and "Seul contre tous" lasted a very long time. Lots of essentials, accuracy, simplicity, presence. So obviously, we have the pleasure of being there with what we have to do there. The hardest part is separation. Cut the cord, mourning to do, digesting certain stigmas and their consequences. The loss of a bond, of a subtle bond, as with all great stories.

There you have it, if we can speak of Soul blues.


You were a psycho-pedagogue at the CHR in Bordeaux. Was this activity useful to you in your profession as an actress? If so, can you tell us more?


It was by being responsible for radiology for a few years that the desire to discover Being beyond its anatomy, in the miasma of its psychology, opened up in me. Without forgetting the contribution of my studies at the university in Human Sciences. Lacan said: "What counts is art, psychology is after". I had the good fortune to start with very demanding, passionate teachers, committed to their work on Being, as much as some directors can be for their Art.

Having a very broad spectrum in the fantasies of directors, I have today, after years of apprenticeship in cinema, the faculty to move very quickly from one role to another fairly precisely and without too much difficulty. After that it is el Maestro who, his eagle eye riveted on the control screen (a Combo I think), directs me and creates with me from clap to clap, the last take. I have just shot under the direction of Djamel Bensallah "Once upon a time in the wadi". A quick and terrible role. An almost historical role in what it contains… it is not finished.


What was your reaction when you saw the short and the feature film for the first time?


The shock of the monologues of the role played by Philippe Nahon! If I had read them before playing… I don't know if I would have accepted. I couldn't have… For the rest, it was a story, it wasn't me and it's the story of Gaspar's film.

I take pride in my work. There is a match between what I wanted to do and what was taken and edited.

[NDW: After Carne came out, Frankie Pain was swarmed with phone calls from fetishists asking for his measurements to send him latex costumes and special boots!]


Was your work with Gaspar Noé a turning point in your career, and if so, to what extent?


I had done two tests for the role of Madame Tapioca in "Delicatessen" by Caro and Jean-Pierre Jeunet, but it didn't work out. After the release of "Carne", Caro and Jeunet asked Gaspar if I could play in "The city of lost children", the role of the mistress of the flea tamer. Gaspar accepted. So I did. After “Carne”, Gaspar amused himself by saying to Jean-Pierre Jeunet and Caro, talking about me: “You didn't want it, well I got it! ". Then came the meeting with Christophe Gans and “Le pacte des loups”. I played a pimp mother there. All this is a reference in the trade. A turning point? It opened doors for me… and closed others. Life flows. I like being in author films.


Would you have liked to participate in " Irreversible"?


No. The subject is too hard. Now I feel ready to go see him. The cast was perfect, there couldn't be any other.


What do you think of this film, and do you find the touch of Gaspar Noé in it?


Without having seen it, I followed everything: press, Cannes, interviews with the protagonists. Of course, we must find there the "touch" and the qualities of director of Gaspar.


Would you be up for a new collaboration?


YES !


Do you think Time destroys everything?


I think that time disaffects things, and leaves in place the true value of the links that have been woven between Beings. Gaspar is part of my human geography. The rest is only a matter of an initiatory quest, of obligatory passages ...

Dante's universe is above some heads, like his text on Hell: "When you come back here, there is no more hope".

A forgotten anecdote is the preview of “Seul contre tous” at Max Linder. A world. To honor Gaspar's film, I dressed in shades of red-purple. No place had been reserved for me. So I ask a few friends to find one for me. A friend gets there:

- "Sir, the place is free?" She is one of the actresses and she does not have one ”

- "Yes" the very reserved face of the gentleman.

My girlfriend tells me "yes", I arrive happy to ask myself. There was a lot of pressure, excitement, expectation ... and I hear from the one who greeted me next to him:

- "Frankie Pain? "

- " Yes. But wouldn't you be Mathieu Kassovitz? "

- "Yes ... but is it you?" But you are not the monstrous woman I expected! "

He took the time to still apprehend the piece of flesh with the doll face, the wavy blond hair loose on the shoulders, discovering my smile. I could see a lot going on in his kaleidoscopic eyes. Looking at me - Surprise, astonishment. I congratulated him on his talents as a director and actor; I loved both. He did the same for me, for the actress… we were like two first communicants. We wished each other a good movie. I would cry at certain times, Mathieu would then put his hand on my arm and say to me:

- "Frankie, this is only a movie"

Then we met at the cafe and he dared to ask me my age. I answered him blushing… it was a warm look that had been cleaned of a number of dross. We passed each other afterwards, turning Gare de l'Est on Amélie Poulain, me coming to try my costumes, hairstyle… a furtive kiss. It was winks. After Amélie Poulain left, I wanted him - he was offended. I tell him :

- "No, you are for those who took me to the dream"

We were happy with the success that we felt was dawning for Jean-Pierre Jeunet's film. They all loved each other. I know that Gaspar was very present at the first team screening of “Long Engagement Sunday” and at the preview on October 19. I am going to find out today and I am preparing for it this morning, after the end. I am delighted to offer you this content, for the public who love me, wait for me and watch me. I am a "journalistic dead end woman"

Thank you that your Passion has filled her.

I responded with happiness to this interview, because I met many enthusiasts of Gaspar and his Work. And I am happy that its cinematographic qualities create so many links, despite the tenor of the subjects and the darkness of our time.

Good continuation to your site.


Thanks to Agence Marceline Lenoir, without which this interview would not have been possible. All my AFFECTION to Frankie Pain for this fantastic trip to the Heart of its History. A thousand and one thanks for spending this time on this fragment art.

I will never forget that astonishing All Saints afternoon spent at home over a cup of tea, a sumptuous apple pie (laughs!), The Leonidas pumpkin and the shells.

Thank you for your trust.

A big thank you @ Mme Frankie Pain, @ Agence Marceline Lenoir and @ Philou

All the documents presented here belong to the private collection of Madame Pain.

Frankie Pain (Partie 1)

Actrice

Actress

LOWINSKI, Philippe. Entretien avec Frankie Pain — Première Partie. Le Temps Détruit Tout. [en ligne] Publié le 11 novembre 2004. Consultable à l'adresse :  http://www.letempsdetruittout.net/interviews/frankie-pain-(partie-1)

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