"Il y a du Jean Gabin dans ces yeux-là.
Il y a du Jean Valjean dans ce physique si particulier.
Il y a de la tristesse derrière ce regard d'acier.
Il y a de la dureté feinte, que seuls les plus fragiles savent afficher pour mieux se protéger.
Il y a chez Philippe Nahon une Beauté qui donne envie de pleurer." - (Philippe Lowinski)
Né le 24 Décembre 1938 à Paris. Il décroche son premier rôle à l'écran en 1961 pour Le Doulos de Jean-Pierre Melville. L'effervescence révolutionnaire des années 1970 le pousse à jouer dans des films aux thèmes engagés comme Les Camisards (1970) ou le Le Pull-over rouge (1979).
Sa capacité à endosser des personnages à la mine patibulaire ou d'extraction populaire lui valent de nombreux rôles de prolétaires comme dans Les Anges gardiens (1995), Les Couloirs du temps, les visiteurs 2 (1997), Le Poulpe (1998). Jouer le policier comme dans La Haine ou bien le salaud dans Sauve-moi (1999) semble être des registres dans lesquels il excelle.
C'est d'ailleurs le dyptique Carne (1991) et Seul contre tous (1997) sous la direction de Gaspar Noé où il interprète un inquiétant boucher raciste complètement désespéré, qui lui offre un des rôles déterminants de sa carrière.
Depuis le début des années 90, cet acteur se rapproche de la génération montante des réalisateurs français parmi lesquels Gaspar Noé bien entendu mais aussi Mathieu Kassovitz (La Haine, Les Rivières Pourpres), Jacques Audiard pour Un héros très discret, Christophe Gans pour Le Pacte des loups. En 2001, il revient avec une comédie The Château de Jesse Peretz.
Attention, acteur culte !
En exclusivité pour Le Temps Détruit Tout, l'immense Philippe Nahon a bien voulu se prêter au jeu de l'interview que lui a proposé Philippe Lowinski. Et bien que ce soit aujourd'hui son anniversaire (il est né le 24 Décembre 1938), c'est lui qui nous offre ce cadeau ! Et quel cadeau ! Alors, joyeux anniversaire, Philippe !
PHILIPPE NAHON OU COMMENT UN ACTEUR DEVENU « CULTE » A SU RESTER SIMPLE / Interview épistolaire menée par Philippe Lowinski — 1ère partie
« Cela faisait déjà plusieurs mois que l’idée me trottait dans la tête : Il faut que je contacte Philippe Nahon, il faut que je le contacte ! Il faut que j’entende cette voix si particulière qui, pour beaucoup d’entre nous reste associée au Cinéma de Gaspar Noé. Il fallait que j’entende cette gouaille, cette bonhomie, cette joie de vivre que j’avais découvertes dans « A la petite semaine « et qui tranchaient si violemment avec le personnage du Boucher.
Les choses se sont donc faites en deux temps :
J’ai tout d’abord envoyé par courrier toute une série de questions à Philippe Nahon, auxquelles il a accepté de répondre. (1ère partie)
Puis, comme il m’avait écrit que je pouvais l’appeler, je lui ai donc téléphoné pour le remercier vivement de son précieux concours.
Durant cette conversation bien sympathique (j’étais sur un petit nuage !), nous avons pu compléter certaines réponses et parler des réactions suscitées par les films de Gaspar Noé. (2ème partie)
Philippe Nahon est quelqu’un de très chaleureux et de très abordable. Et je dois avouer que c’est avec regret que j’ai raccroché le téléphone, tant était forte l’envie de prolonger cette conversation.
Dieu m’en est témoin Philippe, nous nous reparlerons !
Encore merci pour votre accueil.
Ma première question sera d’une banalité affligeante… Comment Gaspar Noé et vous, vous êtes-vous rencontrés?
Gaspar Noé a vu ma photo dans l’annuaire électronique du Spectacle.
Étiez-vous le seul préposé au rôle titre ?
Je le pense.
Comment Gaspar Noé vous a-t-il présenté ce personnage de boucher ?
Il m’a envoyé le scénario.
Avez-vous eu une quelconque hésitation quant au sujet abordé ?
Non, aucune.
« Seul contre tous » s’est tourné sur deux années et demie. Auriez-vous joué ce rôle différemment si le tournage avait eu une durée ordinaire ?
Pas du tout.
Est-ce facile de se remettre dans la peau d’un personnage après de nombreuses interruptions ?
Je n’ai eu aucune difficulté à me replonger dans le personnage.
Pensez-vous qu’un boucher sommeille en chacun de nous?
Non ! Les pédophiles et ceux qui pratiquent l’inceste sont des malades mentaux.
Quelle place tient ce rôle dans votre carrière et dans votre cœur ?
Une très grande place, puisque c’est CE rôle qui a fait basculer ma carrière. « Carne » et « Seul contre tous » sont à présent des œuvres cultes.
Pensez-vous qu’un personnage aussi puissant soit un handicap ? Risque-t-il de vous cantonner dans des rôles noirs ?
Si les réalisateurs sont intelligents, non…
Après « Carne », étiez-vous d’emblée d’accord pour une suite long métrage ?
Absolument !
Gaspar Noé l’avait-il déjà évoqué lors du tournage de « Carne » ?
Oui.
L’atmosphère de « Carne » et « Seul contre tous » est lourde et oppressante. Ce climat était-il cultivé entre les prises pour maintenir ce sentiment de danger immédiat, de panique ?
Pas du tout ! Dès que Gaspar disait « coupez « je rigolais.
Avez-vous reçu une petite formation technique de boucher pour le rôle ?
Non. Je me suis contenté d’observer.
Y a-t-il des situations qui vous ont rappelé un vécu douloureux : par exemple la recherche infructueuse d’un travail, le manque d’argent (le boucher compte souvent ses sous), le mépris dans le regard de l’autre ?
Pas pendant le tournage.
Votre vécu vous a-t-il servi pour nourrir votre rôle ?
Non.
Vous êtes-vous déjà senti seul contre tous ?
Très rarement !
En tant qu’époux, père de famille, citoyen et homme tout simplement, y a-t-il eu des moments durant « Carne » et « Seul contre tous », où vous vous êtes dit : « Non, ça je ne peux pas le dire ou je ne peux pas le faire ! » et pourquoi ?
J’ai eu parfois quelques réticences, voire quelques « résistances » aux propos que me faisait tenir Gaspar sur l’inceste, mais il est vrai qu’il était le seul Maître à bord.
Vous avez le visage carapaçonné d’un Gabin avec en plus la tendresse d’un Lino Ventura. Êtes-vous comme cela ?
Je le pense. On me le dit, alors… !! Mais je crois que oui.
Etes-vous conscient du bien ressenti par nous autres spectateurs, de vous voir avec une gouaille et une bonhomie communicatives comme dans « A la petite semaine » ? Le boucher nous a tellement marqués au fer rouge, que l’on soupire de soulagement en vous voyant rire derrière le comptoir d’un bistrot !
Un jour, des jeunes réalisateurs avec lesquels je tournais un court-métrage m’ont dit : « Enfin on connaît un Philippe Nahon souriant, qui éclate de rire et qui déconne. »
Que pensez-vous de la capacité de Gaspar Noé à mettre au grand jour des sujets qui jusque là étaient à peine évoqués (inceste, pédophilie, viol) même dans l’actualité ?
Il montre les choses, et c’est le principal.
Que retenez-vous des expériences « Carne », « Seul contre tous » et « Irréversible » ?
Un grand bonheur !
Que pensez-vous des réactions extrêmes suscitées par ces trois œuvres ?
Pour moi, elles sont tout à fait normales.
Le public dit oui ou non à l’œuvre de Gaspar Noé, et il a tout à fait le droit de l’aimer ou de ne pas l’aimer.
Comme vous, Gaspar Noé est Capricorne… Quels sont vos autres points communs [NdW : Celle-là, t’as pas pu t’empêcher de la poser !] ?
La générosité et la simplicité.
Seriez-vous partant pour une nouvelle collaboration avec lui au cours de laquelle vous développeriez un personnage tout autre que le boucher ?
Quand il le veut !
Qu’aimeriez-vous qu’il vous propose ?
Tout.
Quels sont vos projets cinématographiques ?
Des projets…tant que rien n’est signé … !!
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La suite de l’interview se poursuit au téléphone :
CONVERSATION TÉLÉPHONIQUE AVEC PHILIPPE NAHON.
Propos recueillis le 20 décembre après-midi — 2ème partie
Revenons au boucher. Il en veut au monde entier parce que le sien propre s’effondre.
Oui. Et je reste persuadé que cela peut arriver à n’importe lequel d’entre nous. Il a tout simplement « pété les plombs » !
Concernant les réactions agressives du public, réactions physiques, quel est votre sentiment ?
J’étais à Cannes lors de la projection de « Irréversible », et j’ai entendu des gens qui n’étaient pas du tout contents du film, et qui se sont levés en criant : « Gare à tes fesses, on va te faire pareil ! ». Mais cela n’ira jamais plus loin… jamais plus loin que les mots.
Gaspar Noé a dit dans une interview accordée à Gerald Peary en avril, que lors du Festival International du Film de Miami, il avait été menacé de mort par un déséquilibré, à cause d’ « Irréversible ».
Là je ne peux malheureusement pas vous en dire d’avantage car je n’ai pas d’autre information. Il faudrait que vous lui posiez la question à lui ! Mais c’est tout à fait possible, surtout avec les américains.
Je vous posais la question, car le premier forum du site a été la cible d’extrémistes qui se sont directement attaqués au cinéma et aux idées de Gaspar Noé avec une haine rare…
Je vais vous raconter quelque chose. Je suis allé à une projection de « Seul contre tous » au Max Linder (salle des Grands Boulevards de Paris). Ce jour-là il y avait des réalisateurs sur le podium. A la fin du film, un type a pris le micro et s’est mis à insulter Gaspar… puis, il lui a lancé le micro et c’est moi qui l’ai reçu dans la poire ! Ensuite, ce gars est parti et cela n’est pas allé plus loin. Mais cela ne m’étonne pas du tout que vous ayez été la cible de propos orduriers sur le forum.
En tous cas Philippe, je tiens à nouveau à vous remercier chaleureusement pour votre collaboration amicale.
Mais c’est normal !
C’est bientôt votre anniversaire ?
Oui le 24 décembre.
Comme le Petit Jésus !
Mais moi je suis arrivé un peu avant lui ! »
Le Temps Détruit Tout tiens à remercier Philippe Nahon pour sa gentillesse, sa patience et sa disponibilité.
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RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC PHILIPPE NAHON
par Sartre [membre du forum LTDT]
Sartre a eu la chance de rencontrer Philippe Nahon en personne il y a quelques temps. Voici le récit sous forme d'interviews et les photos de cette rencontre.
Quand où et comment as-tu rencontré Philippe Nahon ?
J'ai rencontré Philippe le mardi 23 mars au matin à un studio où il participait pour un tournage. Revenant de Lille, juste avant cela j'ai contacté un bon ami à moi qui le connaissait et qui m'a donné ses coordonnées; je ne voulais pas retourner sur Lille lors de sa présence en tant que membre du jury du 25 mars jusqu'à la fin du festival international du court-métrage, alors que je pouvais trés bien le rencontrer sur Paris.
Comment t'es apparu Philippe lors de cette rencontre ?
Quand je suis arrivé dans sa cabine de maquillage, j'ai senti Philippe un peu méfiant ou avec un peu d'appréhension mauvaise sur ma présence; jusqu'à ce que j'arrive vers lui pour le saluer et me présenter, ce qu'il l'a à mon avis tout de suite rassuré. Je me devais de rester quelqu'un de sérieux, de motivé et un peu professionnel pour pouvoir arriver à la séance photo. Philippe est quelqu'un de trés respectueux, d'une gentillesse inouie, de simple doté d'un professionnalisme exemplaire !
Avant la séance photo, Philippe m'a demandé si je voulais qu'il garde son chapeau de capitaine, pour un côté un peu original lors de mon travail. Ce à quoi je lui ai répondu qu'il avait le libre choix, la preuve même que Philippe est un comédien avant tout, c'est que c'est lui qui soumet ou propose des choses...
As-tu discuté avec lui ?
Oui, j'ai pu avoir cette chance ! Je lui ai par exemple demandé ce que devenait Blandine Lenoir. Ce à quoi il m'a répondu que elle, elle continuait son métier d'actrice. On a beaucoup discuté aussi par téléphone, lors d'une de ses discussions, je lui avais demandé si avant de tourner son premier moyen métrage et son long métrage avec Gaspar Noé, il savait que ses films allaient devenir cultes et être longtemps acclamés par un public de fans innombrables.
Sur ce point Philippe m'a répondu trés calmement et d'une grande douceur que il s'était lançé à l'époque en 92 pour Carne en étant pas rémunéré et que la suite, il ne la connaissait pas d'avance...
Philippe sait aussi que avec Gaspar Noé il était dans un terrain de coopération et qu'il s'en donnait à cœur joie même si il sait que Gaspar Noé est adoré tout comme detesté par un public qui ne cesse de s'agrandir...
dans le studio ce jour là, je lui ai aussi demandé quelques conseils en tant que comédien qui me furent d'une grande aide, ce à quoi il m'a pas mal aidé...
Comment s'est déroulé cette séance photo ?
Avant tout, je dirais que c'est le temps qu'il m'a manqué pour pouvoir procéder à cette scéance, Philippe devait donner son apparition dans le tournage et risquait d'être appelé n'importe quand ! Une fois de plus je dirais encore que je me devais de donner une bonne allure et une certaine rigueur dans ce travail et ne pas me laisser impressionner par le grand regard de Philippe derrière l'objectif; Philippe a un visage trés expressif et cela se voit trés bien si l'on regarde mes premières photos de mes dernières, car au début je m'étais plaint qu'il n'y avait pas assez de lumière et Philippe ne cessait de me regarder; donc je devais faire avec ! Et Lorsque j'avais de bonnes photos de lui, je lui faisais remarquer, et c'est ce qu'il le rendait plus souriant et confiant dans ses poses, cette séance s'est bien déroulé, j'en suis assez fier et si cela doit se renouveler, je ferai de suite part de ma motivation et de mon enthousiasme !
Que retires-tu de cette expérience ?
Ce que je peux en dire est tout simple, il y a une certaine part de démystification de ses rôles dans ses films, l'image disparaît donc dans le fait de le rencontrer il y a du bon et du mauvais, car Philippe dans ses films c'est loin que d'entendre sa voix au téléphone et encore plus loin que de le voir en vrai; mais surtout Philippe reste un homme comme nous tous et c'est dans cela que l'on doit rechercher son immense sympathie et son charme et le considérer tel qu'il est !
Un immense merci à Philippe qui est un trés grand acteur français et à qui l'on souhaite un énorme succés et une grande reconnaissance de son travail par la suite...
Un grand merci @ Philippe Nahon ainsi qu'à Sartre.
Photos prises par Sartre
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"En 1996, Arnaud Cafaxe, étudiant en cinéma à l'ESRA dirige Philippe Nahon dans son court-métrage "Rencontres". Le jeune réalisateur est flatté de la confiance de cet acteur confirmé et de son implication au sein de l'équipe de tournage. Philippe évoque sa collaboration avec le réalisateur Gaspar Noé : les deux hommes viennent d'entamer le tournage de "Seul contre tous", ce tournage à la "commando" se déroulera sur plusieurs années. Désormais, Arnaud va voir les films de "son acteur" et retombe sous le charme à chaque projection. En 2002, il attend avec impatience la sortie du film qui a défrayé la chronique au Festival de Cannes : "Irréversible". C'est décidé, il va consacrer un documentaire à son acteur fétiche. Toutes les personnes interviewées ont partagé son enthousiasme et son envie de rendre hommage à cet acteur à la sincérité jamais démentie" (extrait du dossier de presse de Philippe Nahon - de l'Acteur Fétiche à l'Icône)
Visite à travers l'édition collector du DVD Philippe Nahon - de l'Acteur Fétiche à l'Icône spécialement conçu pour LeTempsDetruitTout.net : Les Films du Tamarin
Translated from French to English - www.onlinedoctranslator.com
"There is Jean Gabin in those eyes.
There is Jean Valjean in this very particular physique.
There is sadness behind that steely gaze.
There is feigned harshness, which only the most fragile know how to display in order to better protect themselves.
There is a Beauty in Philippe Nahon that makes you want to cry. "- (Philippe Lowinski)
Born December 24, 1938 in Paris. He landed his first screen role in 1961 for Le Doulos by Jean-Pierre Melville. The revolutionary effervescence of the 1970s pushed him to act in films with committed themes such as Les Camisards (1970) or Le Pull-over rouge (1979).
His ability to take on characters with a sinister look or popular extraction earned him many proletarian roles as in Les Anges gardiens (1995), Les Couloirs du temps, les visitors 2 (1997), Le Poulpe (1998). Playing the policeman as in La Haine or the bastard in Sauve-moi (1999) seems to be registers in which he excels.
It is besides the diptych Carne (1991) and Seul contre tous (1997) under the direction of Gaspar Noé where he plays a disturbing racist butcher completely desperate, which offers him one of the determining roles of his career.
Since the beginning of the 90s, this actor has been approaching the rising generation of French directors including Gaspar Noé of course but also Mathieu Kassovitz (La Haine, Les Rivières Pourpres), Jacques Audiard for A very discreet hero, Christophe Gans for Le Pacte Wolves. In 2001, he returned with a comedy The Castle by Jesse Peretz.
Attention, cult actor!
Exclusively for Le Temps Détruit Tout, the immense Philippe Nahon was kind enough to participate in the interview that Philippe Lowinski offered him. And although today is his birthday (he was born on December 24, 1938), it is he who gives us this gift! And what a gift! So, happy birthday, Philippe!
PHILIPPE NAHON OR HOW AN ACTOR BECOMES "WORSHIP" WAS REMAINING SIMPLE / Letter-writing interview conducted by Philippe Lowinski - 1st part
“It had been several months since the idea was trotting in my head: I must contact Philippe Nahon, I must contact him! I have to hear this very special voice which, for many of us, remains associated with the Cinema of Gaspar Noé. I had to hear this banter, this bonhomie, this joie de vivre that I had discovered in "A la petite semaine" and which contrasted so violently with the character of the Butcher.
Things were therefore done in two stages:
First of all, I sent a whole series of questions by post to Philippe Nahon, to which he agreed to answer. (Part 1)
Then, as he had written to me that I could call him, I telephoned him to thank him warmly for his invaluable assistance.
During this very nice conversation (I was over the moon!), We were able to complete some answers and talk about the reactions aroused by Gaspar Noé's films. (Part 2)
Philippe Nahon is a very warm and approachable person. And I must admit that it was with regret that I hung up the phone, so strong was the desire to prolong this conversation.
God is my witness Philippe, we will talk again!
Thank you again for your welcome.
My first question will be appallingly banal ... How did you and Gaspar Noé meet?
Gaspar Noé saw my photo in the Spectacle's electronic directory.
Were you the only attendant in the title role?
I think so.
How did Gaspar Noé present this character of a butcher to you?
He sent me the script.
Did you have any hesitation about the topic being discussed?
No None.
“I Stand Alone” was shot over two and a half years. Would you have played this role differently if the shooting had been of ordinary duration?
Not at all.
How easy is it to get back into character after many interruptions?
I had no difficulty getting back into the character.
Do you think that a butcher lies dormant in all of us?
No ! Pedophiles and those who practice incest are mentally ill.
What place does this role have in your career and in your heart?
A very large place, since it is THIS role that has changed my career. “Carne” and “Seul contre tous” are now cult works.
Do you think such a powerful character is a handicap? Is there a risk that you will be confined to black roles?
If the directors are smart, no ...
After “Carne”, did you immediately agree to a feature film sequel?
Absoutely !
Had Gaspar Noé already mentioned it during the filming of "Carne"?
Yes.
The atmosphere of "Carne" and "Seul contre tous" is heavy and oppressive. Was this climate cultivated between takes to maintain this feeling of immediate danger, of panic?
Not at all ! As soon as Gaspar said "cut" I laughed.
Did you receive a little technical training as a butcher for the role?
No. I just observed.
Are there situations that reminded you of a painful experience: for example the unsuccessful search for a job, the lack of money (the butcher often counts his pennies), contempt in the eyes of the other?
Not during the shoot.
Has your experience served you to nurture your role?
No.
Have you ever felt alone against everyone?
Very rarely !
As a husband, father, citizen and man quite simply, were there moments during “Carne” and “I Stand Alone”, when you said to yourself: “No, I can't? say it or I can't do it! " and why ?
I sometimes had some reluctance, even some “resistance” to what Gaspar made me say about incest, but it is true that he was the only Master on board.
You have the carapaced face of a Gabin with in addition the tenderness of a Lino Ventura. Are you like that?
I think so. I am told, so… !! But I believe so.
Are you aware of the good felt by us spectators, to see yourself with a communicative banter and good-naturedness as in "A la petite semaine"? The butcher branded us so badly that we sigh with relief when we see you laughing behind the counter of a bistro!
One day, young directors with whom I was shooting a short film told me: “Finally, we know a smiling Philippe Nahon, who bursts out laughing and who is kidding. "
What do you think of Gaspar Noé's ability to bring to light subjects that until then were barely mentioned (incest, pedophilia, rape) even in the news?
He shows things, and that is the main thing.
What do you take away from the “Carne”, “I Stand Alone” and “Irreversible” experiences?
A great happiness!
What do you think of the extreme reactions aroused by these three works?
For me, they are quite normal.
The public says yes or no to Gaspar Noé's work, and they have every right to like it or not to like it.
Like you, Gaspar Noé is Capricorn… What are your other common points [Editor's note: That one, you couldn't help but ask!]?
Generosity and simplicity.
Would you be up for a new collaboration with him in which you would develop a character quite other than the butcher?
When he wants it!
What would you like him to offer you?
All.
What are your film projects?
Projects… as long as nothing is signed… !!
________________________________
The rest of the interview continues over the phone:
TELEPHONE CONVERSATION WITH PHILIPPE NAHON.
Interview on December 20 afternoon - Part 2
Back to the butcher. He resents the whole world because his own is collapsing.
Yes. And I remain convinced that it can happen to any of us. He simply “blew up”!
Regarding the aggressive reactions of the public, physical reactions, what is your feeling?
I was in Cannes during the screening of "Irréversible", and I heard people who were not at all happy with the film, and who stood up shouting: "Watch out for your buttocks, we're going to do you. the same ! ". But it will never go further ... never beyond words.
Gaspar Noé said in an interview with Gerald Peary in April, that during the Miami International Film Festival, he was threatened with death by an imbalance, because of "Irreversible".
There I unfortunately cannot tell you more because I have no other information. You should ask him the question! But it is quite possible, especially with the Americans.
I asked you the question, because the first forum of the site was the target of extremists who directly attacked the cinema and the ideas of Gaspar Noé with a rare hatred ...
I'll tell you something. I went to a screening of “Seul contre tous” at the Max Linder (Salle des Grands Boulevards in Paris). That day there were directors on the podium. At the end of the film, a guy picked up the microphone and started insulting Gaspar… then he threw the microphone at him and I was the one who got it wrong! Then this guy left and it didn't go any further. But it doesn't surprise me at all that you were the target of dirty talk on the forum.
In any case Philippe, I would like to thank you again warmly for your friendly collaboration.
But that's normal !
Is it your birthday soon?
Yes December 24.
Like the Little Jesus!
But I got there a little before him! "
Le Temps Détruit Tout would like to thank Philippe Nahon for his kindness, patience and availability.
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EXCLUSIVE MEETING WITH PHILIPPE NAHON
by Sartre [LTDT forum member]
Sartre had the chance to meet Philippe Nahon in person some time ago. Here is the story in the form of interviews and photos of this meeting.
When and how did you meet Philippe Nahon?
I met Philippe on Tuesday morning March 23 at a studio where he was participating for a shoot. Returning from Lille, just before that I contacted a good friend of mine who knew him and who gave me his contact details; I did not want to return to Lille during his presence as a member of the jury from March 25 until the end of the international short film festival, when I could very well meet him in Paris.
How did you appear Philippe during this meeting?
When I arrived in his makeup booth, I sensed Philippe a little suspicious or with a little bad apprehension about my presence; until I came up to him to greet him and introduce myself, which in my opinion reassured him immediately. I had to stay someone serious, motivated and a little professional to be able to get to the photoshoot. Philippe is a very respectful person, incredibly kind, simple with exemplary professionalism!
Before the photoshoot, Philippe asked me if I wanted him to keep his captain's hat, for a slightly original side during my work. What I replied to him that he had a free choice, the very proof that Philippe is an actor above all, is that it is he who submits or proposes things ...
Did you talk to him?
Yes, I was able to have that chance! For example, I asked him what was happening to Blandine Lenoir. To which he replied that she was continuing her profession as an actress. We also talked a lot by phone, during one of his discussions, I asked him if before shooting his first medium-length film and his feature film with Gaspar Noé, he knew that his films were going to become cult and be acclaimed for a long time by a countless fan audience.
On this point Philippe answered me very calmly and very gently that he had launched at the time in 92 for Carne by being unpaid and that afterwards, he did not know her in advance ...
Philippe also knows that with Gaspar Noé he was in a field of cooperation and that he gave it to their heart's content even if he knows that Gaspar Noé is adored as well as hated by an audience which continues to grow ...
in the studio that day, I also asked him for some advice as an actor which was of great help to me, which he helped me a lot ...
How did this photo shoot go?
First of all, I would say that it is the time that I missed to be able to proceed to this session, Philippe had to give his appearance in the shoot and risked being called anytime! Once again I would say again that I had to give a good pace and a certain rigor in this work and not let myself be impressed by Philippe's wide gaze behind the lens; Philippe has a very expressive face and it shows very well if you look at my first photos of my last ones, because at the beginning I complained that there was not enough light and Philippe kept looking at me ; so I had to do with it! And when I had good pictures of him, I would point out to him, and that's what made him more smiling and confident in his poses,
What do you take away from this experience?
What I can say about it is quite simple, there is a certain degree of demystification of his roles in his films, the image therefore disappears in the fact of meeting him there is good and bad, because Philippe in his films it is far from hearing his voice on the telephone and even further than seeing him in person; but above all Philippe remains a man like all of us and it is in this that we must seek his immense sympathy and his charm and consider him as he is!
A huge thank you to Philippe who is a very great French actor and to whom we wish enormous success and great recognition for his work afterwards ...
A big thank you @ Philippe Nahon as well as to Sartre.
Photos taken by Sartre
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"In 1996, Arnaud Cafaxe, film student at ESRA directed Philippe Nahon in his short film" Rencontres ". The young director is flattered by the confidence of this confirmed actor and his involvement in the film crew . Philippe evokes his collaboration with the director Gaspar Noé: the two men have just started filming "Seul contre tous", this "commando" shooting will take place over several years. From now on, Arnaud will see the films of "his" actor "and falls back under the spell at each screening. In 2002, he impatiently awaits the release of the film which hit the headlines at the Cannes Film Festival:" Irreversible ". It's decided, he will devote a documentary to his favorite actor .All the people interviewed shared his enthusiasm and his desire to pay tribute to this actor with unabashed sincerity "(extract from Philippe Nahon's press kit - from the Fetish Actor to the Icon)
Visit through the collector's edition of the DVD Philippe Nahon - from the Fetish Actor to the Icon specially designed for LeTempsDetruitTout.net: Les Films du Tamarin
Philippe Nahon
Acteur
Actor
LOWINSKI, Philippe. Philippe Nahon ou comment un acteur devenu « culte » a su rester simple. Le Temps Détruit Tout. [en ligne] Publié le 20 mars 2003. Consultable à l'adresse : http://www.letempsdetruittout.net/